L'Evangile du 6e Dimanche Ordinaire, Année C (Lc 6, 17.20-26).
Les béatitudes en saint Luc se différencient de celle en saint Matthieu, d’abord parce que Luc adresse son évangile à des païens convertis, alors que Matthieu s’adresse à des juifs convertis. Luc dénonce la recherche des richesses, et ce thème sera développé dans la suite de l’évangile. Pour un juif, la richesse est au contraire le signe de la bénédiction divine. Luc peut donc mettre en opposition bénédictions et malédictions. Mais comme pour Matthieu, les bénédictions ou béatitudes correspondent à des situations humaines peu enviables : pauvreté, faim, pleurs, refus et haine. Quant aux malédictions, elles aident à comprendre : il n’est pas souhaitable d’être riche, ni d’être reconnu, au risque d’être repu et d’être imbu de soi-même. Il est vrai que pour comprendre, il faut sans doute une certaine dose de vision spirituelle. Car c’est le mouvement de la grâce qui est à déceler. Et la grâce ne s’accueille que dans un cœur disponible, pauvre et confiant. Cette attitude est spirituelle, mais elle peut survenir à partir d’une pauvreté matérielle, comme elle peut inviter à un dépouillement.
Plus difficile est sans doute la quatrième béatitude où il est question de haine et de rejet. Le nom de Jésus n’est pas accueilli pas plus qu’une attitude prophétique. Un chrétien qui est animé par la grâce est de soi prophétique. Il se présente en rupture avec les attitudes selon le monde, et il est dénigré, parce que non conforme aux conventions mondaines. Mais rejet ne signifie pas pour autant repli. Car il s’agit d’aimer et de continuer à aimer. Ce sera l’enseignement de Jésus qui sera développé dans l’évangile de dimanche prochain. L’amour se fortifie au fur et à mesure des oppositions rencontrées, petites ou grandes, et c’est là que se forgent sagesse évangélique et ancrage spirituel.
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