Maman de 5 enfants, Guenaëlle De Groote organise la « Marche des mères », soutenue par la Communauté de l’Emmanuel. Généralement, cette marche est organisée durant un week-end à Banneux. Mais en cette année de restrictions sanitaires, la marche s’est réalisée localement par petits groupes de 7-8 mamans. En tout ce sont plus de 500 mamans qui ont participé.
G. : La Marche des mères donne l’occasion aux mamans de se retrouver entre elles, dans la nature et avec le Seigneur. Les mamans qui participent viennent de diverses paroisses de tous les coins de la Belgique et certaines ne fréquentent pas de lieu d’Église. On parvient ainsi à toucher un large public. L’idée est d’ouvrir les portes de l’Église et de faire connaître le Seigneur à des mamans qui sont éloignées de la foi. L’organisation plus locale de cette année a aussi permis de toucher un autre public. Il est plus facile de donner une journée pour participer à quelque chose de nouveau plutôt qu’un week-end.
BN : Comment faites-vous pour des mamans qui sont loin de la foi ? Le thème de la Marche est un thème chrétien… il faut un travail d’approche !
G. : En fait, on les plonge dedans ! J’étais malgré tout inquiète cette année. D’habitude, lorsque le groupe est grand, on accueille les nouvelles personnes avec le support de la communauté de l’Emmanuel, d’une chorale. La liturgie est bien déployée, l’eucharistie est célébrée. On commence en force le week-end avec une ambiance chaleureuse et entraînante. Or cette année, l’eucharistie était célébrée en début de journée pour un groupe de quelques mamans. C’est tout différent. J’ai dû faire un double acte de confiance : me dire que le Seigneur rejoindrait les personnes malgré la pauvreté des moyens mis en œuvre, et faire confiance aux deux mamans responsables de chaque groupe car elles avaient davantage à porter. Tout s’est bien passé. Le Seigneur pourvoit !
BN : Comment s’organise la marche ?
G. : Les mamans sont réparties en petits groupes séparés les uns des autres durant la marche. Le petit groupe permet un partage informel. Des arrêts ont lieu, durant lesquels un enseignement est donné sur le thème. La marche reprend pour un temps de méditation avec des questions sur l’enseignement reçu. L’arrêt suivant permet un temps de partage et d’approfondissement. On marche une bonne douzaine de kilomètres chaque jour. Il est possible, pendant la marche, de prendre un moment de prière, une dizaine de chapelet, par exemple. La nature est propice à ouvrir le cœur. La marche n’est pas, en soi, une marche priante car on a des temps de prière qui sont structurés et qui sont en dehors de la marche : l’eucharistie le matin, et, le soir, une longue et très belle veillée. Des témoignages de conversion permettent aux mamans de voir combien le Seigneur est à l’œuvre dans la vie des unes et des autres. La soirée se poursuit avec l’adoration, la possibilité de se confesser ainsi que de demander la prière dans un petit groupe d'intercession.
BN : Y a-t-il quelque chose de spécifique au fait que cette marche est destinée à des mamans uniquement ?
G. : Chaque Marche des mères a un thème, qui est en général un verset d’évangile. Mais durant le week-end, si un des enseignements dispensés développe le thème choisi, l’autre va toucher une question très concrète sur le vécu des mamans, par exemple sur l’éducation des enfants, ou sur la vie de couple. Cette année, on a abordé la question du confinement en famille et l’utilisation des écrans. Même si on accueille toutes les mamans venant d’horizons très divers, nous avons un point commun, celui, justement, d’être maman. Les partages informels et la prière durant la marche s’orientent naturellement vers cette réalité commune.
BN : Ce serait effectivement tout différent dans un groupe mixte. A partir de votre expérience avec la Marche des mères, remarquez-vous un regain d’intérêt pour la foi chrétienne dans la période difficile que nous vivons ?
G. : Peut-être, en effet, que la foi apparaît comme une possibilité de ressourcement. Mais dans mon quotidien, je ne suis pas témoin d’une telle réalité. Toutefois, le fait de pouvoir à nouveau se retrouver ensemble, même en petits groupes, a été un magnifique cadeau.
BN. : Le retour des mamans chez elles après la Marche n’est-il pas quelques fois compliqué ?
G. : Je me souviens d’une maman qui a vécu quelque chose de très fort lors de la soirée d’adoration et elle est rentrée chez elle avec un feu brûlant dans le cœur. Mais son mari n’a pas compris ce qui arrivait. Par la suite, tout s’est arrangé !
BN. : Vous-mêmes, vous avez vécu cette expérience de conversion ?
G. : Oui ! J’ai cette chance. Le Seigneur est venu toucher mon cœur alors que j’avais 15 ans. J’ai reçu la grâce à ce moment-là de pouvoir décider de prier chaque jour. J’étais fort timide, et ma timidité a disparu et j’ai reçu la joie, comme don de l’Esprit Saint. Et la joie ne m’a jamais quittée. Et quand je vois mes enfants, je me dis : quel cadeau d’avoir été touchée si jeune, d’avoir fondé ma vie sur le Seigneur dès ce moment-là ! Si bien que la Marche des mères, c’est pour moi la joie de pouvoir transmettre Jésus.
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