Car le langage de la croix est folie pour ceux qui vont à leur perte, mais pour ceux qui vont vers leur salut, pour nous, il est puissance de Dieu.
L’Écriture dit en effet : Je mènerai à sa perte la sagesse des sages, et l’intelligence des intelligents, je la rejetterai.
Où est-il, le sage ? Où est-il, le scribe ? Où est-il, le raisonneur d’ici-bas ? La sagesse du monde, Dieu ne l’a-t-il pas rendue folle ?
Puisque, en effet, par une disposition de la sagesse de Dieu, le monde, avec toute sa sagesse, n’a pas su reconnaître Dieu, il a plu à Dieu de sauver les croyants par cette folie qu’est la proclamation de l’Évangile.
Alors que les Juifs réclament des signes miraculeux, et que les Grecs recherchent une sagesse, nous, nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les nations païennes. Mais pour ceux que Dieu appelle, qu’ils soient Juifs ou Grecs, ce Messie, ce Christ, est puissance de Dieu et sagesse de Dieu.
Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes.
(1Co 1, 18-25)
Paul présente la Croix comme un langage nouveau. Il centre ici son message sur le Crucifié (il parlera de la résurrection au chapitre 15). En mettant l’accent sur la mort du Christ, il met en valeur la puissance de Dieu qui sauve et donne la vie.
La croix est extrême faiblesse, anéantissement, mais elle réalise le salut d’une manière qui semble folle aux yeux des hommes.
Paul dénonce alors tous ceux qui, à ses yeux s’opposent à la folie de la croix. « Le sage » c’est le grec philosophe, et « le scribe », le savant juif. Enfin « le raisonneur d’ici-bas », tout païen qui juge « selon la chair ».
Au verset 21, Paul rappelle que Dieu se révèle mais n’est pas reconnu. Toute l’histoire du Salut en témoigne, jusqu’à ce qu’arrive l’Evangile.
Aveugles à la sagesse de la croix, « Les Juifs réclament des signes miraculeux ». En effet, le judaïsme est concret et pratique : Dieu doit se révéler de manière perceptible. Les Grecs, eux, « recherchent une sagesse ». C’est la culture du raisonnement, de la philosophie… Mais pour les uns comme pour les autres, il s’agit de sécurités humaines : une « preuve » par des miracles ou une doctrine satisfaisante pour l’intelligence.
Paul oppose à ces attitudes celles des croyants : « … mais nous… ». Il souligne la faiblesse des moyens employés par Dieu, qui sont les vrais signes de sa puissance. Ainsi, le Crucifié est :
- « Scandale pour les Juifs » Le messie attendu devrait être un Roi libérateur et triomphant. Mais Jésus est un messie perdant, pendu sur le bois… (cf. Dt 21,23 : le « pendu » est signe de malédiction). Cf. aussi Ga 3,13.
- « Folie pour les nations païennes (litt. : les Grecs) ». La croix renverse l’échelle des valeurs auxquelles sont attachés les philosophes.
Ainsi, accepter la Croix suppose une conversion radicale. Elle peut alors être un langage pour tous, pour les Juifs comme pour les Grecs. Dieu révèle la véritable sagesse en révélant sa « faiblesse », qui est manifestée dans la Croix. Dieu désarme la force et la violence de l’homme en se livrant à lui dans la faiblesse.
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