Il arrive qu’un texte, maintes fois lu ou entendu, résonne tout à coup à vos oreilles ou à votre cœur avec un sens nouveau, une tonalité jamais perçue auparavant.
J’en ai fait l’expérience, il y a quelques jours, à l’occasion d’une retraite dans un monastère. Lors d’un office, un moine a lu, très lentement et avec une discrète mais intense dramatisation, le passage du Premier Livre des Rois, dans lequel Elie se réfugie à l’Horeb (1 R 19, 8-16). J’ai été frappé, en particulier, par les versets 11 à 13 : « Le Seigneur dit : ‘’Sors et tiens-toi sur la montagne devant le Seigneur, car il va passer’’. À l’approche du Seigneur, il y eut un ouragan, si fort et si violent qu’il fendait les montagnes et brisait les rochers, mais le Seigneur n’était pas dans l’ouragan ; et après l’ouragan, il y eut un tremble ment de terre, mais le Seigneur n’était pas dans le tremblement de terre ; et après ce tremblement de terre, un feu, mais le Seigneur n’était pas dans ce feu; et après ce feu, le murmure d’une brise légère. Aussitôt qu’il l’entendit, Élie se couvrit le visage avec son manteau, il sortit et se tint à l’entrée de la caverne. »
Jusqu’à ce jour, le contraste évident entre la violence des éléments déchaînés, « ouragan », « tremblement de terre », « feu » et la douceur à peine perceptible du « murmure » de la « brise légère » faisait ressortir la discrétion de la manifestation de Dieu. Ce « bruit d’un silence ténu » comme le formule le texte hébreu, captivait toute mon attention et le paradoxe contenu dans ces paroles suscitait en moi une sorte de rêverie.
Cette fois-ci, en soulignant, par son intonation, la formule trois fois reprise : « … mais le Seigneur n’était pas… », le lecteur avait éveillé mon attention sur cette absence ainsi manifestée. Dieu n’est pas dans les ouragans, les tremblements de terre, les incendies. Dieu n’est pas dans les événements naturels, ni dans les maladies, ni dans les accidents… Dieu n’est pas dans les guerres, les meurtres, les injustices, les violences, les trahisons… Ainsi, reprocher à Dieu les catastrophes, les guerres, les injustices, comme la mort d’un enfant qui est innocent, par exemple, c’est se tromper de cible.
Mais alors où est Dieu ? Dieu est là où des cœurs attentifs s’ouvrent à son souffle et à sa parole. Dieu est là où son Esprit est accueilli, le plus souvent à l’insu de la personne qui s’ouvre à lui. Car l’Esprit Saint se répand dans les cœurs (cf. Rm 5, 5), y suscite l’amour et y met en œuvre des actions bienfaisantes.
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